Cette année 2025 sera décisive pour le Gabon. Un an de demi après le coup d’État militaire qui a effacé la dynastie Bongo, le parlement de transition a entamé vendredi l’examen du projet de loi sur le nouveau code électoral, étape-clé vers le retour à un régime civil promis par la junte militaire. Une élection présidentielle devrait suivre dans les prochains mois. Quelles sont les intentions de l’homme fort du pays, le général Brice Oligui Nguema ? Va-t-il vraiment laisser son fauteuil à un civil ? Ou bien va-t-il se maintenir au pouvoir ?
D’après le quotidien Le Pays au Burkina Faso, « le président de la Transition, à en croire certaines sources, renoncerait à briguer la magistrature suprême alors même que la Charte de la Transition ne le lui interdit pas formellement. L’homme du coup d’État du 30 août 2023, pourrait surprendre en remettant le pays sur les rails de la démocratie plus tôt que prévu », en laissant donc le pouvoir à un civil…
Brice Oligui Nguema sur une rampe de lancement…
Faux, rétorque L’Agence France Presse : « plusieurs publications largement partagées sur les réseaux sociaux affirment que le président du régime de transition, le général Brice Oligui Nguema, aurait renoncé à se présenter. Il aurait fait selon elles cette annonce lors de la cérémonie de promulgation de la nouvelle Constitution du pays, le 19 décembre. Mais c’est faux, affirme donc l’AFP : comme le montre la vidéo dudit évènement, le chef de l’État gabonais n’a fait aucune déclaration à ce sujet. Et la Constitution fraîchement promulguée ne l’empêche pas de se présenter ».
Qui plus est, relève encore l’Agence France presse, « de nombreux médias estiment au contraire que le général Oligui ne fait pas “mystère de ses ambitions présidentielles“ et que sa “candidature à la future présidentielle ne fait guère de doutes“. Parmi ces médias, Jeune Afrique, ou encore Le Monde Afrique.
Un régime de continuité ?
Une candidature à peine voilée qui suscite une levée de bouclier au sein de l’opposition…
Pour le site Gabon Review, « après plus d’un an de Transition, l’idée d’un coup État libératoire s’estompe face à la réalité d’un système profondément enraciné ».
Pour l’ancien président de la Commission politique du Dialogue national inclusif, le professeur Noël Bertrand Boundzanga, interrogé par le site, « il apparaît clair que la véritable émancipation du Gabon ne viendra pas de ses dirigeants actuels. (…) Le président de la transition a été un proche collaborateur du président déchu. S’il se présente, cela signifie qu’il ne fait que remplacer son chef. Nous serons alors dans un régime de continuité, non de rupture, et cela est dangereux pour notre pays. C’est à la fin du processus de Transition que nous pourrons dire si le peuple gabonais a été libéré, affirme encore le professeur Boundzanga. Mais pour l’heure, tout indique qu’il doit lui-même arracher sa liberté. Ce combat implique une mobilisation citoyenne pour exiger des réformes profondes : la mise en place d’un cadre électoral transparent, une justice indépendante, et une redistribution équitable des richesses nationales. La survie du système Bongo dépend de l’inertie du peuple. En revanche, conclut-il, son éveil collectif peut devenir le moteur d’une libération véritable ».
La présidentielle avancée de 5 mois ?
Mercredi dernier, rapporte Jeune Afrique, plusieurs représentants de l’opposition gabonaise, lors d’une conférence de presse à Libreville, ont exigé « notamment, le retour des militaires dans les casernes à la fin de la transition, avec interdiction de participer aux élections ». Etaient présents « l’ancien vice-président de la République, Pierre-Claver Maganga Moussavou, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, l’ancien candidat à la présidence de la République Albert Ondo Ossa et l’ancien ministre Ali Akbar Onanga Y'Obégué ».
Le lendemain, pointe Jeune Afrique, « selon une fuite attribuée au Comité pour la transition et la restauration des institutions (la junte militaire) et qui a été confirmée par d’autres sources, on apprenait que l’élection présidentielle gabonaise se tiendrait le 22 mars. La date du scrutin est donc avancée de cinq mois (jusque-là, on évoquait le mois d’août…). Un scrutin, martèle Jeune Afrique, auquel Brice Oligui Nguema n’a pas encore officialisé sa candidature, même si elle ne fait guère de doute ».
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