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À la Une: la crise franco-algérienne

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Rien ne va plus entre Paris et Alger… « Sujettes à de récurrentes perturbations, les relations franco-algérienne ont rarement connu un niveau de dégradation que celui observé ces derniers jours, constate Le Matin d’Algérie, en raison de l’accumulation de tensions qui se sont exacerbées depuis la fin de l’année dernière. Les déclarations polémiques au vitriol échangées entre les présidents des deux pays autour de l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal sont les signes d’une montée en cadence dans l’escalade verbale d’un degré jamais égalé. Le refus de l’Algérie d’accueillir sur son sol Boualem Naman, “l’influenceur“ algérien de 59 ans expulsé de France jeudi dernier, vient de donner une tournure imprévisible aux relations bilatérales entre l’Algérie et l’ex-puissance coloniale. (…) Visiblement, relève encore Le Matin d’Algérie, le conflit a atteint un point de non-retour. Reste à savoir quelle suite connaîtra cette affaire dans un proche avenir. Les deux capitales s’en tiendront-elles aux mots ou iront-elles jusqu’à la rupture des relations diplomatiques ? »

Vers une guerre des visas ?

Dernier épisode de ce bras-de-fer franco-algérien : « dans un contexte où les intérêts diplomatiques, économiques et migratoires se chevauchent, Paris semble vouloir utiliser l’attribution des visas comme levier de pression sur Alger », pointe le site ObservAlgérie. En effet précise le site, « la France envisagerait de revoir à la baisse le nombre de visas accordés aux Algériens, tout en conditionnant son aide au développement à des engagements clairs de la part d’Alger. (…) En Algérie, ces déclarations ont été perçues comme une tentative de chantage, constate le site algérien. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une campagne de “désinformation“ et de “manipulation“. Les médias et l’opinion publique algériens n’ont pas manqué de réagir. Beaucoup dénoncent une politique néocoloniale de la part de Paris, visant à maintenir une forme de dépendance ou d’influence sur l’Algérie. L’Algérie qui, souligne ObservAlgérie, forte de son rôle stratégique en Afrique du Nord et de sa position dans le marché gazier, semble de moins en moins disposée à se plier aux exigences de Paris, encore moins au chantage aux visas. Elle revendique une relation d’égal à égal, loin des pressions et des politiques paternalistes ».

La France accusée…

El Watan, proche du pouvoir algérien, s’en prend directement au président français : « Emanuel Macron, qui se noie dans la gouvernance, croit “sauver sa peau“ en surfant sur la vague extrémiste qui déferle sur son pays. Il n’a pas hésité à employer des mots immatures qui déshonorent la stature d’un vrai Président. Dans cette cavale française, il se trouve qu’un Boualem en cache un autre, poursuit El Watan. Après Sansal, l’écrivain fraîchement naturalisé, vient le tour de l’influenceur Naman Boualem propulsé par les mêmes milieux haineux pour maintenir la pression négative sur notre pays ».

Le Quotidien d’Oran renchérit : « la France est dans une mauvaise passe, et ses responsables, à défaut de trouver des solutions aux problèmes qui se posent avec acuité tant sur le plan politique qu’économique, tentent de focaliser l’attention de l’opinion sur le bouc émissaire, l’émigré, particulièrement, algérien, ainsi que sur ces pays africains qu’on ne trouve plus assez dociles pour accepter le néocolonialisme ».

La question du Sahara occidental : effet déclencheur…

À l’origine de la crise, relève pour sa part Le Monde Afrique, il y a le dossier du Sahara occidental… À savoir, la reconnaissance l’été dernier de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. « Si le changement de pied français sur ce dossier a permis la réconciliation avec le Maroc, il a en revanche précipité le divorce avec Alger. La rupture a été d’autant plus violente que le président Tebboune, qui avait noué une relation de confiance avec Emmanuel Macron, s’est de facto senti trahi ».

Résultat, poursuit Le Monde Afrique, « du Sahara occidental à l’affaire Boualem Sansal, sur fond de crispation répressive en Algérie et de diffusion d’un discours hostile à l’Algérie dans les médias français proches de l’extrême droite, la crise semble s’emballer inexorablement. Alger a “retiré“ son ambassadeur à Paris fin juillet 2024 tandis que l’ambassadeur français en poste à Alger, Stéphane Romatet, est privé sur place de tout contact politique. La coopération sécuritaire est à l’arrêt. Les échanges autour de la réconciliation mémorielle sont “suspendus“ (…). Quant aux relations économiques, elles sont de plus en plus fragilisées par des mesures de rétorsion prises par Alger ».

Et Le Monde Afrique de conclure : « l’éclaircie d’après-orage n’est assurément pas pour demain ».

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