
Pourquoi les musées ont-ils le dernier mot lors des enchères ?
En France, les musées nationaux disposent d’un droit de préemption lorsqu’une œuvre d’art ou un objet historique est mis en vente aux enchères. Ce mécanisme leur permet d’acquérir des pièces importantes pour les collections publiques, en priorité sur tout autre acheteur. Ce droit est encadré par le Code du patrimoine et repose sur une procédure bien précise.
Le principe du droit de préemption
Le droit de préemption est une prérogative qui permet à l’État, par l’intermédiaire d’un musée national (comme le Louvre, Orsay ou le Centre Pompidou), d’acheter une œuvre mise aux enchères en se substituant à l’enchérisseur final. Cela signifie que si un collectionneur remporte une enchère pour un tableau, une sculpture ou un manuscrit, l’État peut décider d’acquérir l’objet au même prix adjugé. Ce mécanisme vise à protéger le patrimoine culturel et à éviter que des œuvres d’importance nationale ne disparaissent dans des collections privées ou à l’étranger.
Le déroulement de la préemption
1. Identification de l’œuvre
Avant une vente aux enchères, les experts des musées analysent le catalogue pour repérer des œuvres présentant un intérêt patrimonial majeur.
Les institutions publiques décident alors si elles souhaitent exercer leur droit de préemption.
2. Annonce lors de l’adjudication
Lorsque le commissaire-priseur adjugé ! une œuvre à un enchérisseur, un représentant de l’État (souvent un conservateur mandaté) peut immédiatement déclarer : "L’État fait valoir son droit de préemption pour le compte de [nom du musée]".
Cette annonce suspend la vente et bloque l’acquisition par l’enchérisseur privé.
3. Validation administrative
L’État dispose d’un délai de 15 jours après la vente pour confirmer ou annuler la préemption.
Une fois confirmée, l’œuvre rejoint les collections publiques et devient inaliénable, c’est-à-dire qu’elle ne pourra plus être revendue.
Un outil stratégique pour la préservation du patrimoine
Le droit de préemption permet d’enrichir les musées sans passer par des négociations complexes. Il a notamment permis l’acquisition de chefs-d’œuvre, comme en 2016, où le Louvre a préempté un dessin inédit de François Boucher.
Toutefois, ce droit reste limité par les budgets des musées, qui ne peuvent pas toujours rivaliser avec les collectionneurs privés. C’est pourquoi il est parfois complété par des mécénats et des dons, assurant ainsi la sauvegarde du patrimoine national.
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