Qui a vendu l’heure exacte ?
Ruth Belville, surnommée la « Dame du Temps de Greenwich », proposait un service unique et fascinant dans l’histoire de l’horlogerie et de la technologie : elle vendait littéralement l’heure exacte aux horlogers et aux entreprises de Londres. Une affaire familiale Tout commence en 1836, lorsque son père, John Henry Belville, imagine un service ingénieux. À l’époque, connaître l’heure exacte est crucial pour de nombreux secteurs, notamment le commerce, le transport ferroviaire, et les horlogers. Cependant, les moyens de communication et de synchronisation du temps sont encore rudimentaires. John Belville décide d’utiliser un chronomètre de poche de haute précision, fabriqué par le célèbre horloger John Arnold, pour synchroniser l’heure avec celle de l’Observatoire royal de Greenwich, considéré comme le point de référence temporelle. Chaque jour, il apporte cette heure exacte à ses clients. Après la mort de John en 1856, sa femme, Maria Belville, reprend l’activité, avant de la transmettre à leur fille, Ruth Belville, qui perpétue le service jusqu’à sa retraite en 1940. Un service précis et itinérant Ruth Belville utilisait le chronomètre, affectueusement surnommé « Mr. Arnold », pour garantir une précision irréprochable. Chaque matin, elle se rendait à l’Observatoire royal de Greenwich, où elle synchronisait son chronomètre avec l’heure officielle. Elle parcourait ensuite Londres à pied pour visiter ses clients – principalement des horlogers, mais aussi des institutions comme les banques – et leur donnait l’heure exacte en échange d’un paiement. Un défi face à la modernité Au fil des décennies, le service de Ruth a dû s’adapter à l’émergence de nouvelles technologies, comme les horloges électriques et les transmissions télégraphiques de l’heure. En 1908, les entreprises comme le service de l’horloge télégraphique commençaient à rendre ce type de service obsolète. Cependant, Ruth a su conserver une clientèle fidèle grâce à son charme, son service personnalisé, et la précision inégalée de son chronomètre. Une fin honorable Ruth a continué son activité jusqu’en 1940, à l’âge de 86 ans, malgré les bouleversements technologiques. Son service incarne une époque où l’exactitude du temps dépendait davantage d’un chronomètre et d’une marche quotidienne que des outils numériques modernes. L’histoire de Ruth Belville illustre l’évolution des rapports humains avec le temps, mêlant ingéniosité, persévérance, et une touche d’authenticité dans un monde en pleine transformation. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.