Episode 21 : Imaginaires sensoriels de la ruralité au moment de l’industrialisation (1865-1900) avec Manon Raffard
Bonjour et bienvenue dans le podcast Histoires naturelles. Dans cet épisode 21, nous accueillons Manon Raffard, doctorante en littérature française. Elle nous parle des imaginaires sensoriels de la ruralité au moment de l’industrialisation entre 1865 et 1900. Quand nous avons préparé le podcast, elle m’a dit que la ruralité représentait quelque chose de particulier pour elle et qu'elle essayait d’en parler à ses étudiants et ses étudiantes à travers des textes. Le ressenti de la ruralité en sciences humaines, c’est un outil qui a permis le tournant majeur de la Nouvelle histoire ou encore celui des material and sensory studies en littérature également. Dans un précédent podcast, nous avions parlé des lieux ruraux de l’enfance dans les romans avec Florine Lemarchand. Je vous invite à écouter cet épisode-là si vous aimez les beaux textes et les grands romans en complément de celui-ci.
Les questions que j'ai posées :
- Dans la littérature du XIXe siècle, y a-t-il des marqueurs précis de la pollution urbaine que l’écriture des romanciers met en exergue ?
- Après ce vaste panorama du vocabulaire qui décrit la pollution, y a-t-il chez ces écrivains une manière particulière de dépeindre la « banlieue » ? Par extension, elle désigne le territoire urbanisé hors des limites, en périphérie d'une ville, suggérant une relation de dépendance, historique et fonctionnelle, à l'égard de la ville-centre. » ?
- Tu parles de ruralité fantasmée, peux-tu nous parler de l’idéal bucolique ? Cette vision idyllique d’un espace champêtre idéalisé voire artificialisé si je puis dire par les urbains.
- Ce caractère esthétisant comme l’artiste-écrivain s’en empare-t-il ? L’artiste est-il conscient de l’effet de l’industrialisation sur son environnement ?
L’écriture de la modernité industrielle utilise les descripteurs olfactifs pour mettre en scène un paysage ambigu, entre fascination artistique pour la machine et dénonciation des dommages environnementaux et sociaux de l’industrie. Le “croquis parisien” devient le lieu de représentation critique de l’industrialisation en amenant à la connaissance du lecteur les conséquences délétères de la modernité. Les odeurs s’inscrivent dans un processus de révélation d’une toxicité cachée.
Merci Manon Raffard pour toutes ces explications et ces questions ouvertes ! Les sensory studies posent plus de questions qu’elles n’offrent de réponses, mais c’est aussi l’occasion de se mettre à la place des personnes concernées, de rentrer dans leurs chaussures avec une distance tout de même suffisante pour explorer le contexte historique et socio-économique et comprendre quelles étaient non pas seulement leur manière de penser les choses, mais de les vivre, et de traverser les événements, les époques et les grands bouleversements comme l’industrialisation.
Merci à tous et à toutes d’avoir écouté cet épisode du podcast Histoires naturelles. Comme d’habitude, toutes les informations seront en barre d’information et sur le blog histoiresnat.hypotheses.org. À bientôt pour le prochain épisode.
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(c) Crédits - Copyright Tous droits réservés
Montage et enregistrement : Tassanee Alleau
Invitée : Manon Raffard
Musique du générique de début et de fin : Tassanee Alleau
Visuel de la vignette : Jules Breton, À travers champs (1887), New York, Brooklyn Museum.
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