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Qu'est-ce que la “doctrine Monroe” ?

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La doctrine Monroe est une vieille idée de politique étrangère américaine… mais qui revient régulièrement sur le devant de la scène, notamment quand il est question de Donald Trump et du Venezuela.


À l’origine, la doctrine Monroe est formulée en 1823 par le président américain James Monroe. Son principe est simple et brutal : l’Amérique aux Américains. Autrement dit, les États-Unis déclarent que le continent américain n’est plus une zone d’intervention pour les puissances européennes. En échange, Washington promet de ne pas se mêler des affaires européennes. À l’époque, il s’agit surtout d’empêcher l’Espagne, la France ou le Royaume-Uni de reconquérir leurs anciennes colonies en Amérique latine.


Sur le papier, la doctrine Monroe est défensive. Mais avec le temps, elle va être largement réinterprétée. À partir du début du XXᵉ siècle, les États-Unis s’en servent pour justifier leur propre influence, voire leurs interventions, en Amérique centrale et du Sud. Coups d’État soutenus, pressions économiques, interventions militaires : la doctrine Monroe devient un outil de domination régionale, au nom de la stabilité et de la lutte contre les influences étrangères.


C’est là que le lien avec Donald Trump apparaît. Lors de sa présidence, Trump et plusieurs membres de son administration ont explicitement invoqué la doctrine Monroe, notamment à propos du Venezuela. Pourquoi ? Parce que le régime de Nicolás Maduro entretient des relations étroites avec des puissances considérées comme rivales par Washington : la Russie, la Chine et l’Iran. Pour les États-Unis, cette présence étrangère en Amérique latine viole l’esprit de la doctrine Monroe.


Dans le cas du Venezuela, l’enjeu est à la fois géopolitique et économique. Le pays possède les plus grandes réserves de pétrole prouvées au monde, mais il est plongé dans une crise économique et politique profonde. En soutenant l’opposant Juan Guaidó, en imposant de lourdes sanctions économiques et en menaçant à mots couverts d’une intervention, l’administration Trump s’inscrivait clairement dans une logique : reprendre le contrôle de l’arrière-cour américaine.


Ce retour à la doctrine Monroe marque une rupture avec le discours multilatéral classique. Il traduit une vision du monde très transactionnelle et souverainiste : chaque grande puissance aurait sa zone d’influence, et l’Amérique latine resterait celle des États-Unis. Une vision critiquée par de nombreux pays de la région, qui y voient un réflexe impérialiste dépassé.


En résumé, si l’on parle aujourd’hui de la doctrine Monroe à propos de Trump et du Venezuela, c’est parce qu’elle incarne une logique ancienne mais toujours active : empêcher toute puissance étrangère de s’implanter durablement en Amérique latine, quitte à peser lourdement sur les choix politiques et économiques des pays concernés. Une doctrine vieille de 200 ans, mais loin d’être enterrée.


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