Choses à Savoir HISTOIRE podcast

Pourquoi les “complaintes criminelles” eurent-elles autant de succès ?

0:00
2:20
Recuar 15 segundos
Avançar 15 segundos

À la fin du XIXᵉ siècle, le public français est passionné par les faits divers. Meurtres, vols, infanticides ou affaires sordides captivent les lecteurs des journaux. Mais l’imprimé n’est pas le seul média de l’époque : la chanson joue un rôle clé.

Les complaintes criminelles sont de longs textes chantés, souvent imprimés sur des feuilles volantes vendues dans les foires, sur les marchés ou à la sortie des tribunaux. Pour quelques centimes, le badaud pouvait acheter ces “petits formats” qui racontaient un crime, la capture du criminel et parfois son exécution. Les colporteurs les chantaient à la criée pour attirer les passants.


Une fonction sociale et morale

Ces complaintes avaient une double fonction :

1. Informer : dans un monde où la presse populaire est encore chère ou inaccessible à une partie du peuple, la complainte permet de diffuser rapidement l’histoire d’un crime.

2. Moraliser : la plupart de ces chansons se terminent par une leçon de morale, rappelant que le crime ne paie pas et qu’il conduit à la honte, à la prison ou à l’échafaud.

Elles n’étaient donc pas seulement du divertissement, mais aussi un outil de contrôle social, renforçant l’autorité et les valeurs dominantes.


Un engouement populaire

Le succès est énorme. Certaines complaintes circulent à des dizaines de milliers d’exemplaires. L’affaire Troppmann, par exemple — un jeune homme condamné en 1870 pour un massacre familial d’une rare violence — inspira de nombreuses chansons criminelles, reprises dans tout le pays.

Le public est friand de détails : description des crimes, paroles prêtées aux meurtriers repentants, récit de leur procès ou de leur exécution. Ces complaintes jouent sur l’émotion et le sensationnalisme, un peu comme nos documentaires télévisés ou podcasts criminels d’aujourd’hui.


Héritage et disparition

Au début du XXᵉ siècle, avec l’essor de la presse à un sou puis de la radio, les complaintes criminelles déclinent. Mais elles laissent un héritage direct : le goût pour la narration du crime, le mélange d’horreur et de fascination, et l’idée que chaque affaire devient une histoire à raconter au grand public.

Aujourd’hui, chercheurs et ethnomusicologues s’intéressent à ces textes qui documentent autant la criminalité que l’imaginaire populaire. Certaines archives, notamment à la Bibliothèque nationale de France, conservent des feuillets imprimés et même des partitions.


En résumé : les complaintes criminelles sont les ancêtres des chroniques judiciaires et du true crime moderne. Elles ont transformé le fait divers en spectacle chanté, à la fois populaire, moralisateur et terriblement captivant.


Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Mais episódios de "Choses à Savoir HISTOIRE"