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Pourquoi les kangourous sautent-ils ?

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La question paraît simple, mais elle touche à des mécanismes scientifiques fascinants, mêlant biomécanique, énergie et évolution.


Contrairement à la plupart des mammifères terrestres, les kangourous se déplacent presque exclusivement en sautant. Ce mode locomoteur, appelé saltation, peut sembler énergivore, mais en réalité il s’avère extrêmement efficace. Une étude pionnière menée par le chercheur australien Terence J. Dawson dans les années 1970 a montré que le saut permet aux kangourous d’économiser de l’énergie à vitesse élevée.


Le secret réside dans leurs tendons d’Achille surdimensionnés, qui fonctionnent comme des ressorts. Lors d’un saut, l’animal emmagasine de l’énergie élastique dans ses tendons. Cette énergie est ensuite restituée lors de l’impulsion suivante, réduisant considérablement l’effort musculaire. Selon une étude publiée dans Nature en 1977 par Dawson et R. Taylor, à partir d’environ 10 km/h, le coût énergétique du saut reste pratiquement constant, alors qu’il augmente chez la plupart des animaux qui courent. Autrement dit, un kangourou qui double sa vitesse ne consomme pas plus d’énergie. C’est une adaptation exceptionnelle.


Ce mécanisme est encore renforcé par un second avantage : la respiration couplée au saut. Une étude de R. Carrier (1987) a montré que le mouvement de l’abdomen et du diaphragme pendant le bond facilite l’inspiration et l’expiration. Ainsi, plus le kangourou saute vite, plus il ventile efficacement ses poumons, sans effort supplémentaire.

Mais pourquoi cette évolution ? Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses. D’abord, l’environnement australien a joué un rôle clé. Les kangourous vivent dans des zones arides où la nourriture est rare et dispersée. Le saut leur permet de parcourir de longues distances à faible coût énergétique. C’est donc un avantage évolutif majeur pour survivre dans un milieu contraignant.


De plus, la posture verticale adoptée lors du saut réduit la surface corporelle exposée au soleil, ce qui aide à limiter la surchauffe dans des environnements très chauds.

Enfin, le saut offre aussi un avantage défensif. À vitesse maximale, un grand kangourou peut atteindre près de 60 km/h et franchir des bonds de 9 mètres. Cette mobilité impressionnante leur permet d’échapper rapidement aux prédateurs.


En résumé, les kangourous sautent non pas par hasard, mais parce que cette stratégie combine trois atouts majeurs : une locomotion économe en énergie, une respiration optimisée et une adaptation aux vastes espaces australiens. Les recherches biomécaniques menées depuis un demi-siècle montrent que le saut est bien plus qu’un simple moyen de déplacement : c’est une réussite évolutive unique dans le règne animal.

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