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La restriction des activités des étrangers en Tanzanie fait des remous au Kenya

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La Tanzanie a annoncé fin juillet une interdiction pour les ressortissants étrangers de posséder ou gérer des entreprises dans plusieurs secteurs. La directive provoque un tollé chez son voisin, le Kenya. Alors que Dodoma dit vouloir défendre ses intérêts économiques, Nairobi estime que cette nouvelle mesure va à l’encontre des principes de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, dont les deux pays sont membres.

Salons de beauté, boutiques de souvenirs, transferts de monnaie sur mobile : en tout, 15 secteurs sont concernés par cette nouvelle directive en Tanzanie. Elle vise à protéger les Tanzaniens de la compétition étrangère.

Mais elle provoque la grogne du voisin kényan. L’Association des conducteurs du Kenya dit avoir reçu des appels inquiets, notamment de la part des guides touristiques : « Ils font partie de la liste des emplois désormais interdits pour les étrangers, précise Peter Murima, président de cette association professionnelle. Or, nous avons beaucoup de guides qui travaillent autour de la frontière, dans les parcs de Serengeti en Tanzanie ou Amboseli au Kenya. Dans le secteur du transport aussi, nous avons eu des retours de membres qui dénoncent le fait d’avoir déjà été visés par des contrôles superflus de la part des forces de l’ordre. »

Frein aux investissements en Tanzanie ?

Au-delà des petits entrepreneurs kényans, les conséquences de cette mesure pourraient être plus larges. « C’est le signal qu’envoie cette nouvelle mesure qui est très important, souligne James Shikwati, directeur de l’Inter Region Economic Network, un think tank économique basé à Nairobi. Ce sont les petites entreprises qui sont visées, mais les grandes compagnies observent tout cela et s’en inquiètent. La confiance s’érode et cela pourrait freiner les investissements du Kenya vers la Tanzanie. »

Décision politique

Cet économiste y voit aussi une décision politique, avant les élections d’octobre prochain en Tanzanie. Les autorités kényanes, elles, ont dénoncé une mesure qui va à l’encontre de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) et de son Protocole de marché commun.

Nairobi a toutefois assuré ne pas réciproquer pour l’instant, pour donner une chance au dialogue.

« Rivalité par intermittence »

Avec le Kenya, qui se plaint aussi de frais de visas pour ses ressortissants souhaitant faire du business en Tanzanie, les tensions ne sont pas nouvelles. « Le Kenya et la Tanzanie ont toujours entretenu une sorte de rivalité par intermittence, rappelle James Shikwati. La Tanzanie a eu un président radical, Magufuli, qui était davantage tourné vers l’intérieur dans ses politiques économiques. Il a notamment chassé les investisseurs étrangers du secteur minier, de certains emplois. Or, son ancienne vice-présidente est la présidente actuelle. »

L’EAC a rappelé dans un communiqué que les États partenaires du Protocole de marché commun s’étaient engagés à « promouvoir l’intégration régionale en supprimant les obstacles au commerce, aux services et aux investissements ».

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