
C’était l’un des paris de l’agriculture marocaine : accélérer la production d'avocats sur son territoire. En 2011, près de 2 700 hectares d’avocatiers ont été plantés d’après les chiffres du gouvernement et, chaque année, les surfaces dédiées s’agrandissent.
Par Elie Polselli
Une politique qui porte ses fruits : en 2025, la production s’élève à 130 000 tonnes d’avocats, soit près du double de l’année passée, selon les chiffres de l’Association marocaine de l’avocat.
Pourtant, le Maroc n’est pas dans le top 5 des pays les plus producteurs d’avocats au monde, mais compte bien se faire une place dans ce marché. Alors pour atteindre les cadences de ses concurrents, comme le Pérou ou le Kenya, le Maroc a redoublé d'efforts dans la région irriguée de Gharb, au nord du pays.
Mais dans les localités déjà en tension hydrique, comme Rabat, Khémisset et Benslimane, la culture d’avocats impacte la qualité des sols et des ressources en eau. En 2024, le royaume a dû réduire les irrigations agricoles, et la situation est d’autant plus préoccupante, car le pays entame sa 7ᵉ année de sécheresse.
La désalinisation de l’eau de mer comme solution
La désalinisation de l’eau de mer est une solution technique pour irriguer les champs artificiellement, mais qui demande en amont beaucoup d’énergie afin d’extraire le sel de l’eau. 17 stations de distillation existent déjà, et 9 doivent voir le jour dans le pays à l'horizon 2030.
Le problème de cette solution : le sel retiré de l'eau de mer est ensuite relâché, mélangé à de nombreux produits chimiques, utilisés dans le processus de distillation. Un cocktail qui se retrouve en bout de course dans l'océan.
L'eau va poser problème à l'avocat
Même si l'Organisation mondiale de l'avocat estime que cette culture est plus raisonnable que celle du café ou du chocolat, il faudrait quand même environ 900 litres par plant d’avocat pour obtenir une production rentable, selon l’Association marocaine de l’avocat.
La solution, pour la durabilité de la filière de l’avocat au Maroc, se trouve peut-être dans la réduction de la consommation mondiale, qui s’est emballée ces dernières années. Un constat qui n'est pas partagé par tous les acteurs : l'Organisation mondiale de l'avocat mise sur une croissance de la consommation d'avocats de 10% par an en Europe pour les cinq prochaines années.
À lire aussiFrance: boom de la production du sorgho, une céréale adaptée au changement climatique
D'autres épisodes de "Chronique des matières premières"
Ne ratez aucun épisode de “Chronique des matières premières” et abonnez-vous gratuitement à ce podcast dans l'application GetPodcast.