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Anglo American et Teck Ressources, un mariage taillé pour le marché du cuivre

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En fusionnant leurs activités, les deux géants miniers vont créer le cinquième producteur mondial de cuivre. L'extraction de ce qu'on surnomme le minerai de la transition représentera alors 70% de leur production. 

Ces dernières années, les deux miniers avaient dû résister aux assauts de rivaux qui voulaient les avaler. Le Canadien Teck avait déjoué l'offensive du trader suisse Glencore, le britannique Anglo American, repoussé les offres successives de l’Australien BHP. Avec ce mariage, les deux groupes sortent de la catégorie des proies et regagnent des marges de manœuvre. « Ils vont être en mesure d’investir et d’optimiser leurs coûts sur le marché du cuivre où seuls les très gros acteurs tirent leur épingle de jeu », explique Yves Jégourel, professeur titulaire de la chaire Économie des matières premières et transitions durables, au Conservatoire National des Arts et Métiers. 

Un marché très volatil

Malgré la demande en hausse, le marché du cuivre reste difficile. C’est tout le paradoxe de cette matière première. Si son prix a bien grimpé depuis dix ans, il ne s'envole pas encore, et ce, alors que la teneur en minerai des gisements a tendance à diminuer. « Les cours restent en plus soumis à une forte volatilité », confirme Yves Jégourel. Le marché va par exemple tenir compte du niveau de l’activité chinoise et si cette dernière ralentit, le prix du cuivre risque de baisser. Cela créé de l’incertitude pour les actionnaires et, in fine, freine l’investissement, explique le chercheur en guise d'illustration.

Pourtant, les ressources en cuivre vont être de plus en plus exploitées dans les années à venir. Les besoins auront doublé en 2040. Une voiture électrique en contient quatre fois plus qu’une voiture thermique. Le développement des énergies renouvelables aussi réclame du cuivre, tout comme la construction des infrastructures électriques pour lesquelles il n’existe quasiment pas de possibilité de substitution.

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Des co-actionnaires à convaincre

Selon Yves Jégourel, si cette fusion apparaît comme une évidence, c'est principalement parce que Teck Resources et Anglo American possèdent chacun une très importante mine au Chili. Les deux gisements sont distants de seulement une quinzaine de kilomètres : une proximité qui va permettre de créer des synergies et donc réduire les coûts. Notamment de profiter de la production d’Anglo American pour faire tourner l’usine de traitement du minerai de Teck Resources. Les experts soulignent aussi la qualité des autres mines que les deux groupes possèdent. Une fois la création du nouveau groupe Anglo Teck définitivement entérinée, il deviendra le cinquième producteur mondial. Le cuivre représentera 70% de sa production totale. 

Mais l’opération n’est qu’aux prémices. Sa finalisation prendra entre 18 et 24 mois. Les deux miniers devront notamment trouver des accords avec leurs co-actionnaires. Au Chili, Teck possède 60% de Quebrada Blanca et Anglo American seulement 44% de Collahuasi, à égalité avec Glencore. Il n’est pas impossible que les deux groupes reçoivent dans l’intervalle une meilleure offre, qui fasse capoter le projet commun. Car dans les affaires encore plus qu’ailleurs, il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour.

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