Choses à Savoir ÉCONOMIE podcast

Pourquoi le Portugal est-il devenu le bon élève de l’Europe ?

0:00
2:19
Reculer de 15 secondes
Avancer de 15 secondes

C’est un renversement historique. Pour la première fois depuis la Révolution des Œillets de 1974, le Portugal enchaîne les excédents budgétaires. En 2025, son gouvernement prévoit un surplus de 0,3 % du PIB, après un premier record en 2024. Une prouesse rare en Europe, encore plus remarquable quand on sait que Lisbonne compte simultanément augmenter les retraites et alléger la fiscalité.


De la crise à la rigueur

Il y a quinze ans, le pays était pourtant au bord du gouffre. En 2010, son déficit public atteignait 9 % du PIB. La troïka (FMI, BCE, Commission européenne) imposa alors un plan de sauvetage assorti d’une cure d’austérité radicale : hausse des impôts, privatisations et réduction drastique du nombre de fonctionnaires.


Lorsque la gauche revient au pouvoir en 2015, elle maintient la discipline budgétaire tout en la rééquilibrant : taxes sur les plus fortunés, soutien au pouvoir d’achat des ménages modestes et relance de la demande intérieure. Cette combinaison entre rigueur et croissance devient la marque du « modèle portugais ».


L’économie redressée par l’attractivité

À partir de 2017, le pays vit un véritable « miracle économique ». Les investissements étrangers affluent, séduits par la stabilité retrouvée, les incitations fiscales et un coût du travail parmi les plus bas d’Europe de l’Ouest (1 015 € de salaire minimum, contre 1 802 € en France). Les fonds européens et le boom touristique post-pandémie dopent l’activité. Résultat : la croissance dépasse 2 % par an et le chômage recule vers 6 %.

Les entreprises françaises, notamment Somfy ou Decathlon, s’y implantent massivement ; 750 sociétés tricolores emploient aujourd’hui 60 000 personnes. Même les retraités français affluent, profitant d’avantages fiscaux — désormais réduits.


Le revers du succès

Mais la réussite portugaise a un prix. L’afflux de capitaux et de nouveaux résidents a fait exploser le marché immobilier : +124 % depuis 2015, bien au-delà de la moyenne européenne. Les jeunes Portugais, incapables d’accéder au logement, continuent de partir : un tiers des 15-39 ans vit à l’étranger.

Cette tension sociale nourrit aussi la montée du parti d’extrême droite Chega, désormais deuxième force politique du pays.


Une leçon pour l’Europe

Avec une dette en baisse (87,8 % du PIB prévue en 2026) et un État qui dépense moins qu’il ne gagne, le Portugal montre qu’une stratégie mêlant discipline et attractivité peut réussir. Mais il rappelle aussi qu’un excédent budgétaire n’est pas toujours synonyme de prospérité partagée.


Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

D'autres épisodes de "Choses à Savoir ÉCONOMIE"