Choses à Savoir CERVEAU podcast

Pourquoi sommes-nous accros aux paris ?

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Prenez un parieur face à une machine à sous. Il appuie sur les boutos, les rouleaux tournent, les sons se déclenchent, et pendant une fraction de seconde, tout est suspendu. Cette tension, ce frisson, c’est le cœur du mécanisme cérébral du pari. Ce n’est pas tant le gain qui nous attire, mais l’incertitude. Et la science le montre clairement.


Une étude publiée dans Frontiers in Behavioral Neuroscience a révélé que le système dopaminergique du cerveau — celui qui gère la récompense et la motivation — réagit plus fortement à l’imprévisibilité qu’au gain lui-même. Autrement dit, notre cerveau sécrète davantage de dopamine, le neurotransmetteur du plaisir, quand le résultat est incertain que lorsqu’il est garanti. C’est cette attente, cette possibilité d’un gain, qui nous électrise.


Les neuroscientifiques ont observé, grâce à l’imagerie cérébrale, que des zones comme le noyau accumbens et le cortex préfrontal s’activent pendant un pari. Le premier gère la récompense, le second la planification et le contrôle. Mais chez les parieurs compulsifs, le cortex préfrontal fonctionne moins bien : il freine moins les impulsions, et la logique perd face à l’émotion. Le cerveau se met alors à répéter le comportement, comme s’il s’agissait d’une substance addictive.


C’est ce que montre une autre étude, publiée dans Nature Reviews Neuroscience, qui compare le jeu pathologique à une addiction sans drogue. Les mêmes circuits de la dépendance — ceux activés par la cocaïne ou l’alcool — s’allument lors d’un pari. Le cerveau apprend à associer le risque à une récompense potentielle, et chaque mise devient une promesse chimique de plaisir.


Un autre phénomène accentue encore l’addiction : celui des quasi-victoires. Vous perdez, mais de peu ; deux symboles identiques s’alignent, le troisième manque d’un rien. Le cerveau, lui, interprète cela comme une réussite partielle, et libère de la dopamine. Résultat : vous rejouez, convaincu que la chance est proche.


En somme, les paris exploitent une faille dans notre architecture mentale. L’incertitude déclenche la dopamine, la dopamine entretient le désir, et le contrôle rationnel s’affaiblit. Ce n’est pas une question de volonté, mais une réaction neurochimique profondément ancrée.


Ce que la science nous apprend, c’est que parier revient à dialoguer avec nos instincts les plus primitifs. Et dans ce dialogue, le hasard a souvent le dernier mot.

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