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Pourquoi notre sommeil pourrait prédire la démence ?

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Le sommeil n’est pas qu’un moment de repos. Une nouvelle étude de l’Université de Californie à San Francisco montre qu’il serait peut-être l’un des meilleurs indicateurs précoces du risque de démence. Les chercheurs ont suivi 733 femmes âgées en moyenne de 82 ans, toutes en bonne santé cognitive au début de l’étude, pour comprendre si leurs habitudes de sommeil pouvaient annoncer l’apparition future d’un déclin mental. Et les résultats sont aussi clairs qu’inquiétants.


Pendant cinq ans, chaque participante a été évaluée grâce à des capteurs de sommeil et des questionnaires détaillés. L’objectif était simple : observer comment la durée, la régularité et la qualité du sommeil évoluaient au fil du temps, et déterminer si ces changements étaient liés à un risque accru de développer une démence. Ce suivi longitudinal, rare par sa durée et la précision des mesures, a permis de dresser un portrait très fin du sommeil dans le grand âge.


Les chercheurs ont découvert un élément frappant : les femmes dont le sommeil devenait plus irrégulier voyaient leur risque de démence augmenter de manière significative. Il ne s’agissait pas seulement de dormir moins, mais surtout de dormir à des heures différentes d’un jour à l’autre, avec un rythme de veille-sommeil instable. Cette irrégularité perturbe le fonctionnement de l’horloge biologique, ce système interne chargé d’organiser les cycles hormonaux, l’activité cérébrale et le métabolisme. Lorsque cette horloge se dérègle durablement, les neurones deviennent plus vulnérables.


Mais ce n’est pas tout. Les participantes qui connaissaient une réduction progressive du temps passé en sommeil profond — la phase qui permet au cerveau de nettoyer les déchets neuronaux accumulés dans la journée — présentaient elles aussi un risque accru de démence. Ce processus d’« auto-nettoyage » du cerveau, rendu possible notamment par le système glymphatique, est essentiel. Quand il fonctionne mal, des protéines comme la bêta-amyloïde peuvent s’accumuler, favorisant les maladies neurodégénératives.


L’étude met également en lumière un facteur psychologique : les femmes qui rapportaient une sensation de sommeil non réparateur développaient plus souvent un déclin cognitif. Le ressenti subjectif semble donc aussi important que les données objectives.


Ces résultats ouvrent une perspective essentielle : le sommeil pourrait devenir un outil de dépistage précoce. Surveiller l’évolution du rythme de sommeil chez les personnes âgées, en particulier sa régularité, pourrait aider à détecter plus tôt les risques de démence et à mettre en place des mesures préventives.


En un mot, cette étude rappelle que le sommeil n’est jamais anodin. Il pourrait bien être l’un des premiers signaux d’alerte de notre cerveau.

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