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Getdown Services : interview du duo de Bristol déjanté et génial, au Udada Festival

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Josh Law et Ben Sadler décrivent l'odeur du capitalisme, les couleurs de leur musique (influencée de beaucoup de pontes de l'électronique français), les relents du Brexit, ou nous parlent de leur "trou à rat" de ville d'origine, qu'ils aiment de tout leur cœur. Au micro de Ségo Raffaitin, voici les Getdown Services, croisés au Udada Festival de Saint-Jean-de-Luz en Juillet 2024.

Leur album Crisps est sorti le 9 novembre 2023 sur le label Breakfast Records.

Mix audio et habillage sonore : Paul Goursin

La traduction pour nos non-anglophones sûr‧es :

SEGO : On joue votre morceau Cream of the Crop, sur Radio Nova….

JOSH : Oui, cette chanson est rentrée en playlist sur votre radio, et, depuis ce moment, on a eu plein de fans français, plein de gens qui viennent nous voir jouer en France et nous disent "Oh, on vous a entendu sur Nova !"

SEGO : Ok, donc la radio a adoré votre album et j’ai personnellement adoré votre album, je l’ai poncé, en français on dit "poncer" car on l’a tellement joué qu’il est comme poli.

JOSH & BEN : Oooooh, poncé, comme un effet de… ouahhh ok cool.

SEGO : Donc vous faites tourner cet album sur scène depuis la sortie ?

BEN : Il est sorti en novembre dernier, oui, et on est en tournée à peu près depuis la sortie.

SEGO : Et ce concert qu’on vient de vivre, au Udada Festival de Saint Jean de Luz c’était comment ?

JOSH : C’était super, euh, Spiderman nous a rejoint sur scène, ça, c’était jamais arrivé. Y’a deux trucs pendant ce concert qui ne nous étaient jamais arrivées avant : Spiderman a débarqué et on a joué deux fois le même morceau ! On n'avait jamais fait ça auparavant.

SEGO : Alors, on a décrit votre musique comme de la disco apocalyptique post-Brexit. Est ce que ça vous va ?

JOSH : Oui, alors oui, ben c’est irrémédiablement post-brexit, au regard de la chronologie déjà….
Ben : Je pense que post Brexit c’est un bon terme pour décrire tous les groupes qui ont existé après le Brexit, oui…

SEGO : Qu’est ce que ça a changé, comment le climat politique a influencé votre musique ? Parce que… Ok, vous faites les fous sur scène, machin, mais tout cela est très politique.

JOSH : On est très politiques mais on est super chiants, on s’intéresse beaucoup à la politique Parlementaire, on est des gens très très à l’extrême gauche. Et le Brexit, oui, ça a changé énormément les choses au Royaume Uni, pour les groupes de musique notamment….

BEN : Je pense que c’est dommage qu’on ait commencé ça après le Brexit parce que, on te disait qu’on venait beaucoup jouer en France… Les choses ont été assez moches, politiquement parlant, depuis un bon bout de temps, chez nous. Mais ça, ça a vraiment changé les choses en termes d’artistes pouvant ou non partir jouer en Europe, donc en arrivant après le Brexit, il y a quelques failles et obstacles qu’on doit franchir. Tu vois Josh dit qu’on est blasés de la politique c’est de ça qu’on parle… On parle de Bureaucratie, tu vois.

JOSH : En écrivant l’album, on était très agacés de pleins de choses et ça avait beaucoup à voir avec le Brexit.

BEN : Ça a causé plein de choses terribles. Et une de ces choses, c’est comment il est devenu très difficile de venir ici en France… 

JOSH : C’est dur pour tous les groupes mais je pense même que plus tu as une grande audience, plus ça devient compliqué. Nous on est tout juste, à notre échelle, il y a quelques trucs qu’on doit faire et juste un temps fou passé à régler les histoires de taxes, etc. Mais je pense que si on grossit encore, là ça va être difficile tu dois avoir des taxes et autorisations en plus.
Et je pense que c’est aussi très difficile pour des groupes français ou d’autres pays de l’Union Européenne, de venir au Royaume Uni maintenant.

SEGO : Et pour revenir à la couleur de votre musique.. Comment vous la décririez à quelqu’un qui ne l’a jamais entendue ?

BEN : Je suppose, genre, "disco-rock". C’est pas mal pour commencer, c’est juste une amalgamation de toute la musique qu’on aime, je pense.

JOSH : Je pense qu’il a raison mais si c’était une couleur, je dirais probablement marron. Parce que…. Bah...

SEGO : Parce que vous dites beaucoup « merde ».

BEN : On dit pas mal « merde » et « caca », oui.

JOSH : Ah, mais tu voulais littéralement dire "de quelle couleur est votre musique???"
Ben : Ouai

SEGO : Oui, tu sais il y a des gens qui ont cette association entre les choses et les couleurs, le chiffre 8 va être automatiquement violet, ou, je ne sais pas, tu vois ?

JOSH : Il y a un mot pour ça… euh….

SEGO : La synesthésie.

JOSH : La synesthésie, Kanye West a ça, bah tu vois je pense que si Kanye West entendait notre musique il se dirait probablement « ça c’est marron ».

SEGO : Alors quelles sont vos influences, et peut-être, si cette question est trop large, quels disques vous écoutiez en composant l’album ?

BEN : Les principales influences musicales c’est.. Daft Punk. Beaucoup de trucs français, en fait. C’est ça qui nous a amené à la musique électronique, vraiment. Donc : Daft Punk, Sebastian, Breakbot, et après plein de trucs hard-rock comme AC/DC, des trucs comme ça, ZZ Top. Et après, juste des classiques disco. Ça, ce sont les 3 plus grosses influences musicales, et je pense que les autres influences ce sont genre, les conversations qu’on entend, les choses dont on parle…. C’est ce qui influence les paroles.

SEGO : Je me posais la question du processus d’écriture, comment vous écrivez parce que ça sonne tellement oral, parlé, mais c’est aussi très précis. Le live est identique, au mot près, aux versions studios. Ma question va paraître bête mais je pense que beaucoup se la posent : est ce que vous êtes défoncés quand vous composez ? Comment vous créez ce côté foutraque, et le phrasé aussi sincère et tranchant ? Parce que je sens de la colère, de l’ironie, de l’insolence, de l’impertinence…

JOSH : Juste pour être clair, je ne prends pas de drogues du tout, donc ce n’est pas ça. Je pense que ce que c’est, c’est que moi et Ben on se connait depuis tellement longtemps qu’il y a un confort... On peut vraiment être dans une sorte de zone dans laquelle on ne s’inquiète pas du tout de ce qu’il se passe. J’essaie de trouver un terme… C’est assez pur. Souvent ce qu’il se passe c’est qu’on fait l’instrumentale, et puis on a un truc dont on a envie de parler, quelque chose qu’on a sur le coeur, quelque chose qui nous met en colère, et juste on y va, et ensuite ça va être comme… On va le faire coller à l’instrumentale. Mais.. non.. c’est pas qu’on est défoncé, on est juste très en colère.

BEN : Les drogues c’est illégal, pour commencer. Mais, je pense, comme dit Josh, parce que on se connait depuis tellement longtemps, ça force un peu ce… Ça va sonner un peu cringe, désolé, mais genre cette « Almasty », c’est genre… 

JOSH : Il n’y a pas la place pour les conneries, et on est en recherche constante de l’honnêteté. Je pense que c’est ça.

SEGO : Et vous écrivez tous les deux les paroles ?

JOSH : Quand on vivait séparés, c’était plus soit l’un soit l’autre. Mais maintenant on vit tous les deux à Bristol et, ce qu’on compose, c’est beaucoup plus collaboratif. En fait, si vous entendez un de nous chanter un truc, c’est parce que c’est lui qui a écrit ce passage.

SEGO : Et comment vous vivez la musique live ? Parce que, vous l’avez dit, vous êtes très en colère… Est ce que c’est libérateur ? Est ce que c’est frustrant parce que c’est orchestré ? Comment vous vous sentez par rapport à ça ?

BEN : Je pense que, depuis un an, là, on a un peu réalisé comme c’est différent, sur un disque et en live.

JOSH : Et à propos de la colère, quand on enregistrait, il y a avait une colère authentique là dedans. Et au fur et à mesure que tu joues de plus en plus en live, ces sentiments ils… ils deviennent…. C’est vraiment comme une thérapie, comme aller chez le psy tu vois, les premières dix ou quinze fois tu es vraiment… Bah tu vois on a un morceau dans lequel je parle de mes parents qui se sont fait expulser de notre maison, tout ça. C’était un truc très sérieux, très traumatisant pour moi.

SEGO : Le morceau c’est "Biscuit Tin" ?

JOSH : Ouai, c’est celui-là. Et donc les premières dix quinze fois ou tu le joues… Et puis, de temps en temps ça revient, tu te mets très en colère, je me mets très en colère sur scène et c’est vraiment, je canalise ça, mais la plupart du temps c’est plutôt… Un sentiment super agréable, où tu traverses quelque chose que tu as déjà traversé. Tu canalises l’émotion plutôt que de la ressentir vraiment.

SEGO : Je capte, tu as créé ce morceau, ça voulait dire quelque chose sur le moment et, ça, c’est passé, et ensuite tu l’apportes aux gens mais c’est déjà derrière toi.

BEN : C’est exactement ça !
JOSH : Maintenant, on veut juste que les gens s’éclatent. C’est un sentiment très fort qu’on a, on aime beaucoup beaucoup la musique, on aime beaucoup performer notre musique, et on essaye d’aller dans des endroits nouveaux, de connecter avec les gens, et il y a une force du sentiment qui se joue là, qu’on essaye de conquérir à chaque fois, mais ce n’est plus de la colère maintenant. Je pense que c’est plutôt un amour de ce qu’on fait.

SEGO : J'aimerais revenir un peu à l’histoire de votre groupe, parce qu’on dit Post Brexit, mais j’ai aussi lu que c’était un duo post covid, post confinement ?

BEN : C’était un peu pendant le confinement. Je vivais à Manchester à l’époque, Josh était à Bristol, et on s’envoyait de la musique sur "l’internet". Au bout d’un moment, c’est devenu assez bien pour qu’on se dise ‘bon, on ferait aussi bien de le poster’. On n'avait pas vraiment envie de faire des cachets live avec mais, bon, maintenant on est en France donc…

SEGO : Mais vous êtes amis depuis toujours ?

JOSH : Oui, on est ami depuis genre 20 ans, un truc comme ça. On était à l’école ensemble.

SEGO : Où ça ?

JOSH : À Minehead, dédicace à Minehead. Tu vois si tu peux penser à un endroit qui serait l’exact inverse de là où on se trouve en ce moment à Saint Jean de Luz, c’est à ça que ça ressemble Minehead.

SEGO : Ça ressemble à quoi ?

JOSH : C’est sur la côte aussi , mais tu vois ici, à Saint Jean de Luz ça a l’air très classe, très… Minehead c’est plus… Bon, j’adore Minehead hein, quiconque qui écoute ça et vient de Minehead JE VOUS AIME, mais… C’est un peu de la merde. L’eau est sale, y’a rien trop à faire, y’a pas trop de bonne nourriture… Mais c’est mon endroit préféré sur Terre.

BEN : Je pense que le monde est fait d’endroits comme ça, juste les gens font style qu’ils viennent d’une Grande Ville ou quoi, mais 80% du monde c’est de la merde, c’est des petits trous à rats.

SEGO : C’est juste de là d’où on vient…

BEN : Exactement.

SEGO : Et à propos du label ? BreakFast Records

JOSH : C’est un label de Bristol, Dan et Josh on les adore. C’est un rêve pour nous j’ai toujours suivi ce qu’ils faisaient à Bristol, ils ont un super esprit, ils font et ont toujours fait de super événements

BEN : C’est un petit label avec un grand coeur…

SEGO : Est ce que vous avez un morceau préféré sur votre album. Ou, nan, j’ai mieux : est ce que chacun peut essayer de deviner quel est le morceau de l’album que l’autre préfère ?

JOSH : C’est une super question. Je pense que ton morceau préféré, c’est « Loosen your belt » c’est plus tes goûts, je pense. C’est un peu un morceau de crooneur… Des airs d'Alex Turner ( la voix lead du groupe Arctic Monkeys, NDLR )

SEGO : Est-ce que c'est juste, Ben ?

BEN : Alors, bravo Josh, bien tenté. Mais je dirais plutôt que c’est "Helen Back" ma préférée.

JOSH : Celle où ça ne parle pas du tout.

BEN : Non surtout parce que c’est un banger absolu, d’abord. Et ensuite c’est la première qu’on a composé en étant tous les deux dans la même pièce… Et c’est allé super vite. Genre en une heure.

JOSH : Ouai on a fait ce morceau en une heure, juste on s’est assis et on l’a fait.

BEN : Moi je pense que le morceau préféré de Josh c’est… J’allais dire « Loosen your Belt », mais… Est-ce que c’est « The Vortex » ?

SEGO : Oui, il a dit oui.

BEN : C’est Daisy, sa copine, qui a écrit un truc pour aller par-dessus l’instrumentale, et c’est bien ton style. C’est très mélo, et aussi.. Je vais le dire, musicalement, c’est un peu creepy, chose que tu adores. 

JOSH : C'est vrai que j'aime bien quand c'est légèrement creepy, un tout petit peu sinistre. 

BEN : Ta vibe.

SEGO : Ok donc on a fait les couleurs, maintenant j’ai une question d’odeur. Qu’est ce que ça sent, le capitalisme ?

JOSH : Ça sent le plastique pourrit en train de bruler.
BEN : Ça sent juste comme les cheveux brûlés, je pense. C’est un peu comme éphémère, mais à la fois ça persiste pour l’éternité.

SEGO : Je vous demande ça parce que je sens que c’est un sujet récurrent, qui revient dans vos morceaux.

JOSH : Ouai, on déteste le capitalisme. Tous les deux, on a été très malheureux pendant un bon bout de nos vies, et le capitalisme est à blâmer pour cela, en grande partie. Je déteste le capitalisme, et je me fous de qui le sait !
BEN : Quiconque l’aime est un p*tain d’idiot !!!!!!

SEGO : Alors, c’est quoi les prochaines dates ?

JOSH : On revient en France en août pour le Chateau Sonic Festival… Et on revient aussi en octobre, pour quelques dates. Mais pour être honnête je crois qu’aucun de nous deux ne peut se rappeler il faut aller voir sur notre Instagram. Je suis super distrait, là (le concert de 1000GUAPO juste derrière était très déroutant).

SEGO : Ok, qu’est ce que je peux vous souhaiter, maintenant ?

BEN : Souhaitez moi, de beaux rêves ? Euh…

JOSH : Un bon anniversaire c’était son anniversaire il y a quelques jours !
BEN : Merci beaucoup, on l’a fêté à Bordeaux !
JOSH : Tu peux me souhaiter… Tu peux souhaiter un Joyeux Noël.

SEGO : Ok, on fait ça. Merci les gars.

BEN & JOSH : Plaisir ! Merci à toi. C’était les GETDOWN SERVICES pour Radio Nova.

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