Pourquoi les ours blancs sont systématiquement abattus en Islande ?
L’Islande n’est pas une terre d’ours polaires. Pourtant, il arrive que ces grands carnivores y débarquent, à la dérive sur des blocs de glace venus du Groenland. Et quand cela se produit, l’issue est presque toujours fatale pour l’animal : il est abattu. Pourquoi une telle réaction, dans un pays pourtant très attaché à la nature ? La réponse tient à la fois à la biologie, à la géographie, à la sécurité publique et à l’impréparation du pays face à ce visiteur inattendu.D'abord, il faut savoir que l'ours polaire (Ursus maritimus) n’est pas originaire d’Islande. Son habitat naturel s’étend autour du cercle arctique, notamment dans des régions comme le Groenland, le Canada, la Russie ou le Svalbard. Mais avec le réchauffement climatique, les ours sont de plus en plus nombreux à se retrouver sur des morceaux de banquise détachés, qui dérivent sur des centaines de kilomètres. L’Islande se trouvant à environ 300 km des côtes sud du Groenland, ces blocs glacés peuvent parfois s’échouer sur ses rivages, transportant avec eux un passager inattendu.Depuis le début du XXe siècle, moins de 100 ours polaires ont été aperçus en Islande, dont une vingtaine depuis 1880. La majorité ont été abattus dès leur arrivée, une politique controversée mais soutenue par les autorités islandaises. Le dernier cas documenté remonte à juin 2008, lorsqu’un ours a été tué dans le nord du pays, près de Skagafjörður. Quelques semaines plus tôt, un autre avait connu le même sort à Hraun, à l’est.Pourquoi ne pas les capturer et les relâcher ailleurs ? C’est la première question que se posent beaucoup d’Islandais eux-mêmes. Mais en pratique, cela se révèle extrêmement complexe. L’Islande ne dispose d’aucune infrastructure adaptée pour accueillir temporairement un ours polaire, animal sauvage, dangereux et protégé. Les opérations de capture nécessiteraient l’intervention de vétérinaires spécialisés, des tranquillisants, des cages renforcées, un transport sécurisé… et tout cela doit être organisé en quelques heures, parfois dans des zones isolées.De plus, les ours qui atteignent l’Islande sont souvent affamés, après des jours ou des semaines de dérive. En quête de nourriture, ils peuvent se rapprocher des habitations humaines, ce qui représente un risque réel pour la population. Un ours adulte mesure jusqu’à 3 mètres debout et peut peser plus de 600 kilos. Les autorités justifient donc leur décision par le principe de précaution, en affirmant que la sécurité des habitants passe avant tout.Cette politique fait débat. Des associations de protection des animaux ont réclamé des solutions alternatives, comme la mise en place d’une équipe spécialisée ou la construction d’un enclos temporaire. Mais pour l’instant, rien n’a changé. Tant que les moyens logistiques ne sont pas réunis, les ours polaires continuent d’être abattus dès qu’ils mettent les pattes sur le sol islandais. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.